Hello, ici Etienne, j’espère que tu vas bien !
Bienvenue dans cette 4ème édition de ma lettre mensuelle. Nous formons désormais un groupe de 1562 personnes. Merci à tous de me lire ❤
De mon côté ça va, j'essaye de trouver un équilibre entre le cabinet, la formation, le podcast, mon activité d’ostéopathe à l’Asvel basket, le sport et la famille ! Un vaste programme qui commence désormais à 5h30 tous les matins.

Dans cet email, tu trouveras :
Un cas clinique.
Une réflexion qui me challenge en ce moment.
Ma “réponse” au cas clinique.
Avant de commencer, si tu es ostéopathe, je te présente Oostéo : le réseaux d’ostéos créé par mon collègue Nicolas Rodet. On était dans la même école…à l’époque !
Faire parti de ce réseau permet aux ostéopathes de bénéficier de nombreux avantages.
Voici une liste, non exhaustive, de choses qui me paraissent très intéressantes :
Tu peux acheter des draps d’examens (devenu très chers) à des prix vraiment imbattables (25 euros les 12 rouleaux)
Ton site internet personnalisé est offert lors de ton entrée dans le réseau.
Ta RCP à un prix dérisoire pour une couverture au top.
Oostéo t’accompagne dans le développement de ton référencement et de ta visibilité en ligne. Intéressant pour nous qui sommes souvent mauvais en informatique.
Pour plus d’informations, réserve un call (gratuit) de 15 minutes de ma part avec Nicolas en cliquant sur ce lien, et il t’expliquera le reste 😉
En prenant ces 15min (ce que j’ai fait avant-hier) : tu apprendras forcément des choses qui te feront réfléchir. Après plus de 10 ans de cabinet, il m’a donné des tips auxquels je n’avais encore jamais pensé ! No stress, il ne te forcera en aucun cas pour rentrer dans son réseau. Alors appelle-le de ma part et passe lui le bonjour!
Cas clinique de la semaine :
Consultation de 8h du matin, avec une patiente d’environ 65 ans, qui au moment où elle se retrouve allongée sur la table, se met à me parler de “ses tracas”. J’écoute de manière active, comme d’habitude, et fait très rapidement le lien entre l’un de ses tracas et ses tensions musculaires.
Note : Comment fait-on ce lien ? Avec un sens du touché aiguisé, on s’aperçoit vite que l’évocation de certains sujets mettent en mouvement, de différentes manières possible, mais en tout cas provoquent une réaction tissulaire, facilement détectable sous les mains.
Dans le cas de notre patiente, l’évocation de son “tracas”, provoque une énorme tension de l’environnement du plexus solaire, et une sorte de “cristallisation” globale de son corps. Cela provoque également en elle des sentiments de honte et de culpabilité +++ (Son fils a fait des “bêtises” et est actuellement en prison. Vous imaginez ce que cela peut provoquer chez une maman…)
Je lui explique ce que je ressens sous les mains et lui confirme le lien potentiel entre ses tensions “internes/psychiques” et “externes/musculaires”.
Nous discutons ensuite tranquillement et de manière évidement bienveillante autour du sujet, ce qui facilite les déroulés tissulaires/libérations sous les mains.
Une consultation tout à fait classique en somme, jusqu’au moment où la patiente doit se rhabiller et remettre ses chaussures. Celle-ci me demande alors trois fois de suite, ou sont ses chaussures… (Je les fais poser dans la salle d’attente avant de rentrer en consultation)
Puis elle m’explique qu’elle est complètement “chamboulée” et me demande “ce qu’elle fait là”. 😶. Elle répète plusieurs fois ces remarques et je réalise qu’il va être compliqué pour elle de rentrer seule chez elle (elle a 1h de route à faire). Elle ne sait d’ailleurs plus du tout où est garée sa voiture. Elle est complètement déboussolée.
Bref, situation compliquée pour commencer la journée !
Que faites-vous dans ce cas-là ?
A quoi pensez-vous ?
Je vous explique ce que j’ai fait en fin de lettre.
Note bis : les termes que j’utilise ne sont pas scientifiques, et j’assume complètement le fait que ma manière de pratiquer n’est pas seulement “evidenced based”, mais aussi et surtout basée sur les perceptions que je ressens sous les mains (entre autres). J’ai passé et passe encore des milliers d’heures à développer ces perceptions, et plus j’avance, plus je réalise que cette “faculté de percevoir” est LA plus-value de l’ostéopathe. On en reparlera d’ailleurs dans le prochain podcast.
Commençons la réflexion du jour avec une citation :
“A human being should be able to change a diaper, plan an invasion, butcher a hog, conn a ship, design a building, write a sonnet, balance accounts, build a wall, set a bone, comfort the dying, take orders, give orders, cooperate, act alone, solve equations, analyze a new problem, pitch manure, program a computer, cook a tasty meal, fight efficiently, die gallantly. Specialisation is for insects.” _Robert A. Heinlein
Même si vous n’êtes pas complètement bilingues, je pense que vous saisissez l’idée de cette citation. En plus d’écrire des livres de science fiction, l’auteur de cette “condamnation de la spécialisation” a aussi fait plusieurs tours du monde, une carrière en politique, tout en étant ingénieur.
C’est le genre de personne qu’on croisait peut-être à tous les coins de rue à la renaissance, cette fameuse époque durant laquelle Léonard De Vinci était : peintre, botaniste, anatomiste, sculpteur, mathématicien, architecte… et où il était normal (et probablement indispensable) d’être un “touche à tout”.
Evidement, les connaissances ayant énormément évoluées, il est aujourd’hui très/trop compliqué d’être “spécialiste” dans plusieurs domaines différents.
Mais doit-on cependant se contenter de creuser son domaine d’expertise ?
Ou plutôt,
Quel est le risque de toujours rester dans son domaine de réflexion, sans développer de compétences et connaissances annexes?
C’est ce que je me suis demandé en rentrant de mon tour du monde en 2015 après plus d’une année de voyage, qui m’avait permis (entre autres) de développer à l’extrême une compétence intéressante que j’appellerai “capacité d’adaptation”.
Spécialiste (déf) : “Quelqu’un qui connait beaucoup de choses sur peu.” Pierre Tricot
Cette" “capacité d’adaptation” ou “sens de la débrouille”, je crois l’avoir développé tout au long de mon enfance. D’où les nombreuses fois où j’ai entendu avant de partir en voyage en solitaire : “De toute façon, je ne me fais pas de soucis pour toi”.

Le revers de la médaille de cette compétence est que j’ai toujours été capable de déléguer, m’arranger ou demander à autrui pour obtenir ce que je voulais. Cela m’a ainsi freiné dans le développement d’autres compétences et a mis en places des croyances limitantes dans mon inconscient.
Exemples :
Je veux un site internet ou créer une page de vente pour mon livre (croyance limitante “je ne suis pas bon en informatique”) => je demande un un ami qui va le faire pour moi.
Je veux poser une étagère (“Je ne suis pas bricoleur”) => Je demande à mon voisin.
Clairement, avec un peu de volonté et quelques minutes à observer un tuto Youtube, les exemples de “problèmes” ci-dessus sont assez faciles à résoudre par soi-même.
Pour résumer, contrairement à la plupart de mes amis ingénieurs qui, lorsqu’ils sont face à un problème, vont rentrer dedans et le décortiquer dans le but de le résoudre, j’avais tout simplement pris l’habitude de le contourner.
Le fait de grandir et de devenir père est cependant en train d’accélérer les choses et de vraiment modifier ma relation aux problèmes du quotidien.
En effet, le père que j’ai envie d’être n’est pas celui qui contourne les problèmes et les questionnements.
Mais quel est le père que j’ai envie d’être ?
En poursuivant ma réflexion, j’ai réalisé qu’il était + intéressant et + facile pour moi de réfléchir autour la question suivante :
“Quel est l’avatar du père que je ne veux pas devenir/être dans 5 ans”
Ce père là :
Travaille 50 heures par semaine au même endroit.
A des kilos en trop et a perdu la forme physique.
Rentre fatigué du travail.
Roule en SUV et rigole quand on lui parle d’écologie.
Ne lit plus de livres.
Boit de l’alcool dès qu’il est avec ses amis.
A perdu sa créativité.
Ne sait pas poser une étagère.
Connait “beaucoup de chose sur peu”. Il compense donc en parlant comme s’il avait tout vu / tout fait.
Parle + qu’il n’agit.
Evite les discussion inconfortables et contourne les problèmes.
En discutant de ces réflexions avec mon ami ostéopathe Ronald Ellis, celui-ci m’a tout simplement dit que je voulais en fait “être un homme complet”.
Effectivement, l’image de “l’homme complet” me séduit beaucoup plus que celle de “l’homme spécialiste”.
Qu’est-ce qu’un homme complet ?
En 2023, l’homme complet utilise-t-il ChatGPT ? Pas sûr que l’AI aide les hommes à devenir “complets”.
J’ai quand même demandé à ChatGPT ce qu’était selon lui un homme complet 👀
“Un homme complet est une expression utilisée pour décrire une personne qui a atteint un équilibre et une maturité dans différents aspects de sa vie. Cela peut inclure des aspects tels que la santé physique, les relations interpersonnelles épanouissantes, une carrière satisfaisante, le développement personnel et spirituel, ainsi qu'un sentiment général de bien-être. Être un homme complet implique souvent une conscience de soi, une croissance personnelle continue et la capacité de gérer efficacement les défis de la vie.” _ChatGPT
Intéressant.
Je continue donc à réfléchir autour de cette question, tout en essayant de me libérer du temps pour développer de nouvelles compétences, dans le but d’accroître ma capacité à résoudre les problèmes et challenges de la vie, sans forcément les contourner.

La question de l’importance de “la présence du père” dans la famille est aussi un sujet qui m’interroge. Je ferai sans doute bientôt un podcast sur le sujet.
Enfin, concernant l’idée “de la croissance personnelle continue”, je vous partage un schéma qui m’a beaucoup inspiré :
A l’image des effets composés en bourse, ce schéma permet d’imaginer à quel point l’habitude d’effectuer des petites actions quotidiennes dans le but de “s’améliorer”, peut changer la vie sur le long terme.
Ce n’est pas Jacques Brel qui aurait contredit ce schéma. Regardez ce passage d’une interview de lui si vous avez 1 minute.
“Réponse” au cas clinique :
Comme vous imaginez, cette fin de consultation m’a clairement fait sortir de ma zone de confort.
Première aide pour moi : ma patiente suivante était ostéopathe et très sympa. Elle m’a ainsi aidé à prendre en charge cette dame qui était complètement déboussolée et angoissée de n’avoir aucune idée de ce qu’elle faisait ici. Je l’ai ensuite fait attendre, tout en appelant son mari pour lui expliquer la situation et lui dire de venir la chercher.
Deuxième aide : son mari était plein de bon sens et a bien compris la situation. Il s’est habillé et est venu directement chercher sa femme. De plus, c’était un ancien infirmier qui a travaillé toute sa vie en neuro. Pratique et rassurant.
J’ai laissé rentrer la patiente chez elle, bien conscient que son mari allait être attentif à l’apparition d’éventuels signes neurologiques, autre que cette “amnésie transitoire”.
Car c’est à cela que j’ai pensé : un ictus amnésique, qui se manifeste par une perte de mémoire transitoire. Il paraîtrait que cela soit dû à une privation d’oxygène momentanée dans certaines zones cérébrales (en particulier l’hippocampe), parfois en lien avec une décharge émotionnelle.
J’ai quand même appelé un ami urgentiste pour lui demander si cela nécessitait une réorientation aux urgences (un ictus amnésique pouvant être un signe avant-coureur d’AVC). Celui-ci m’a confirmé qu’il s’agissait sans doute d’un ictus amnésique et qu’effectivement, le fait que son mari ait une grosse expérience en neuro suffisait pour la faire rentrer chez elle et surveiller ses symptômes.
Egalement, j’ai contacter sa médecin généraliste, qui d’ailleurs m’avait envoyer cette patiente, pour lui expliquer la situation. Une super médecin avec qui je travaille régulièrement et avec laquelle nous avons échangé autour du cas de notre patiente.
Enfin, j’ai contacté dans les jours suivant deux de mes mentors en ostéopathie, pour échanger avec eux. Le groupe privé de la communauté “Ostéo et sport” nous a aussi permis de parler de ce cas clinique.
3 jours plus tard, j’ai rappelé la patiente qui allait très bien, mais qui a fait un “black-out total” de 3 heures, entre le moment où elle s’est allongé sur la table, et le moment où elle s’est retrouvée dans la voiture avec son mari sur le chemin du retour ! Elle ne se rappelait pas du tout qu’elle m’avait parlé de son fils, dont elle ne parlait quasiment jamais.
Réfléchir sur ce genre de situation est une excellente opportunité pour prendre du recul sur sa pratique. J’ai même contacté une amie et collègue psychologue (Anne Bernet), pour écouter ce qu’elle avait à me partager sur cette situation.
Bonus: un partage de Anne sur la situation exposée :
“Les émotions sont des messages qui nous parlent de ce que nous sommes en train de vivre pour nous guider. Dans ce cas clinique, nous sommes en présence de l’émotion de « La honte » qui vient nous parler de notre intégration sociale, en nous rappelant qu’il y a des règles à respecter pour bien fonctionner en lien avec les autres et être accepté dans la société. Elle est protectrice.
Toutefois, ressentie en excès, de manière répétée, ou encore lorsqu’elle elle provient d’une situation non liée à un comportement du sujet, et donc vécue comme injuste et sur laquelle il n’a pas de levier, la honte va provoquer ou rouvrir une blessure d’humiliation. Cette émotion va alors souvent s’associer à la culpabilité, et venir dégrader l’estime de soi.
La honte nourrit une blessure narcissique profonde, qui vient s’enkyster dans le corps, car elle s’installe dans le silence : en effet, il est difficile de parler sans prendre le risque de se laisser voir tel qu’on se croit (indigne, méprisable, incompétent, …), d’où la confusion mentale qui peut s’en suivre lorsque la parole est libérée. L’esprit inconscient ne sait plus comment protéger le sujet, il y a besoin d’une réorganisation des pensées pour recréer une protection là où la parole a mis en risque.
La prise en charge d’un patient étant en prise à cette émotion, nécessite évidemment un accueil bienveillant de cette parole, une validation du sentiment ressenti et un recadrage, permettant au sujet d’entendre qu’on ne pose pas sur lui le jugement que lui-même s’inflige. Cela permet de décaler le regard et d’ouvrir d’autres perspectives de « se penser ».'
Merci à Anne d’avoir pris le temps de me/nous partager ces quelques lignes !
On se retrouve dans un mois pour de nouvelles réflexions :)
A bientôt,
Etienne
Un régal à chaque fois cette lettre Étienne ! Autant d'intelligence, de sensibilité et d'humour, ça fait du bien. Merci et vivement la prochaine