Qu'est-ce qu'une bonne vie ?
Ou pourquoi est-il judicieux de garder de la légèreté dans son quotidien malgré les années qui passent ?
Hello, ici Etienne,
J’espère que tu vas bien!
Quelques nouvelles avant de commencer cette lettre :
Mon nouveau site internet est enfin en ligne 🙌 Je te laisse jeter un œil.
L’équipe du cabinet s’est un peu modifiée : Romain a laissé sa place à Matéo. Nous allons ainsi faire évoluer notre fonctionnement. Je vous en parlerai sans doute dans la prochaine lettre. L’une de nos intentions sera de “faire différemment de ce qui se fait ailleurs” 🙂
“Whenever you find yourself on the side of the majority, it’s time to pause and reflect” _Mark Twain
Ma femme a repris le travail à temps plein en tant qu’infirmière aux urgences. Notre quotidien est ainsi plus millimétré que jamais. Heureusement que cette lettre nous donne des clefs pour rendre la vie plus légère 😄
En ce mois de janvier, la promo #3 de la formation “Ostéo et sport” a terminé son 4ème et dernier séminaire. Une semaine plus tard, je rencontrais la promo #4 durant leur 1er séminaire 🚀. Un nouveau cycle avec des profils très différents qui s’annonce tout aussi riche que challengeant !
Pour réunir toutes les promos, je vais organiser un séminaire exceptionnel en cette fin d’année 2024. Il sera “exceptionnel” dans tous le sens du terme, vous verrez 🙂
Dans cette lettre, tu trouveras, comme d’habitude :
Un cas clinique 🤓
Deux sujets qui me font réfléchir en ce moment ⚒ (Mise en garde : je vous partage des réflexions personnelles issues de mon quotidien. Si vous cherchez des vérités, vous pouvez passer votre chemin.)
Une réflexion en lien avec le cas clinique.
Partenaires :
Mais avant de commencer, une dédicace à mes partenaires s’impose :
Le magasin “Comptoir du cycle” grâce à qui j’assume ma vie de bobo Lyonnais en roulant en Gravel à travers les rues de Lyon (même quand il fait -5° #hormèse 😜)
Le logiciel de prise de RDV “Perfactive”, que j’utilise maintenant depuis plus de trois mois et que je conseille. Tu peux d’ailleurs désormais cliquer sur ce lien et prendre RDV avec moi 🦴. Et si tu travailles dans la santé et que tu veux essayer perfective, indique que c’est moi qui te parraine et tu auras une réduc. Tu verras que c’est 5 fois moins cher que le “leader du marché”…et tout aussi efficace.
L’académie de la haute performance, avec qui je me forme en ce moment sur un modèle de préparation mentale qui me parait vraiment très pertinent ! Tu peux avoir des informations sur ce sujet en écoutant le podcast #89 avec Pierre David.
Cas clinique :
Une collègue médecin du sport m’envoie une patiente de 45 ans dans le but de “l’aider via l’ostéopathie” car elle souffre de sa 11ème lésion musculaire consécutive au mollet 🤯
Pour moi qui considère une récidive comme un échec, me voilà stimulé.
D’un point de vue ostéo, la consultation se passe très bien et la patiente que je revois un mois plus tard me dit que “ça lui a fait beaucoup de bien”. Cependant, je ne pense pas avoir trouvé la cause des ses multiples récidives. Effectivement, la patiente a entre temps passé un examen qui lui a permis de comprendre pourquoi son muscle ne cicatrisait pas correctement… Et je vous avoue que je n’aurais pas penser à cela !
1 : Quelles sont selon vous les causes principales des récidives de lésions musculaires ?
2 : Quels sont les facteurs principaux d’une mauvaise cicatrisation tissulaire ?
3: Qu’avons nous trouvé à l’examen para clinique qui pourrait expliquer cela ?
Indice : c’est une radiographie qui nous a éclairé !
Qu’est-ce qu’une bonne vie ?
Ce que je m’apprête à vous partager est potentiellement assez difficile à saisir.
Cela pourra vous paraître évident, assez flou, voire complètement obscur. Et “c’est OK” 🙂
Ce concept dont parle Hartmut Rosa dans son livre “Résonnance : une sociologie de la relation au monde” m’a particulièrement touché et paru comme une évidence.
“Enfin quelqu’un qui met des mots et des théories sur ce que j’observe au quotidien, que ce soit au cabinet, dans des vestiaires ou tout autre lieu où je côtoie des être humains”. C’est ce que je me suis dit dès les premières pages de ce livre qui en comporte plus de 700 🤯
Pour vous expliquer le concept principal du livre le plus simplement possible, nous allons décrire la vie de deux personnes, puis les comparer. Nous allons également admettre (au hasard 🙄) que ces deux personnes sont ostéopathes. Sur le papier, ils ont “exactement la même vie”.
Romain :
Romain est ostéopathe depuis 5 ans. Son activité “fonctionne bien” (son salaire moyen est de 3800 euros par mois) et il a du temps pour faire du volley-ball avec ses copains deux fois par semaine. En plus de cela, il vit avec sa copine avec qui il va régulièrement au cinéma. Il aime raconter que bien souvent, “les films le font vibrer” et sont une véritable source d’inspiration qui “nourrit ses pensées et réflexions”. Il ne fait pas vraiment de différence entre “la vie au cabinet , sa vie perso et ses loisirs”. Lorsqu’il est au volley, Romain éprouve de la joie de pouvoir partager son temps avec des amis. Il lui arrive aussi régulièrement de ressentir ce qu’il appelle de la “gratitude”, lorsqu’il est chez lui, seul ou avec sa copine et qu’il entends de la musique qui s’échappe de son lecteur de vinyle qu’il a chiné “aux puces du canal” à Villeurbanne. En consultation, ses patients disent souvent qu’ils se sentent compris. Cette “sensibilité”, Romain l’a en effet développer au fil des année et réalise à quel point cela est bénéfique dans la relation de soin avec ses patients. Lorsqu’on lui demande comment il fait pour “percevoir” toutes ces choses pendant ses consultations, il aime expliquer que c’est un ressenti global et qu’il ne ressent pas seulement avec ses mains, mais plutôt avec “tout son corps”. Romain aime écrire et a pour projet de partager tout cela dans un blog.
Margaux :
Margaux est également ostéopathe. Un métier qui lui permet de bien gagner sa vie (3900 euros par mois), tout en gardant du temps pour ses activités personnelles. Elle pratique le volley-ball deux fois par semaines et va régulièrement au cinéma avec son copain. Elle admet volontiers que le volley est l’activité qu’elle a trouvé pour se dépenser car elle a tendance à “péter un câble” si elle ne se défoule pas après le cabinet. Elle aime surtout les films/documentaires qui vont lui apprendre des choses, qu’elle pourra notamment “mettre en application pour améliorer” ensuite son quotidien. Quand elle discute avec Romain qu’elle connait assez bien (il sont de la même promo), elle ne comprends pas comment il peut être inspiré dans sa pratique d’ostéopathe par des films qui n’ont rien à voir avec l’ostéopathie. Quand Margaux ferme la porte de son cabinet, elle ne pense “plus du tout ostéo”. La séparation entre sa vie professionnelle et le reste est nette. Une fois tous les trois ans, Margaux fait une formation ostéo, avec une approche en général très scientifique, car elle a une aversion pour toutes les “techniques” dites tissulaires, ou pire : “les approches dites biodynamiques”! Quand Romain lui parle de ses perceptions au cabinet, elle a une certaine tendance à le “prendre pour un illuminé” et a du mal à cacher son impossibilité de le comprendre. Du coup, Romain ne lui parle plus de cela et trouve que c’est un peu dommage. Leur relation amicale est d’ailleurs en train de perdre du lien car les deux réalisent bien qu’ils n’ont plus grand chose à se partager. Romain commence aussi à se lasser de Margaux car elle a selon lui une “forte tendance à se plaindre et à critiquer les autres”, ainsi qu’à penser que “l’argent fait le bonheur”. D’après son entourage, Margaux n’a d’ailleurs pas vraiment l’air d’être heureuse. Elle refuse cependant d’aller voir un psy car elle n’a selon elle “pas besoin d’aide” et se demande pourquoi Romain va régulièrement en voir un alors que “tout va bien dans sa vie”.
Arrêtons-nous ici pour la description de nos personnage, volontairement caricaturale, mais qui a potentiellement resonner en vous faisant penser à quelqu’un 😉
Vous l’aurez compris, l’un est en relation avec le monde extérieur et est susceptible d’être touché par ce dernier, tandis que l’autre est plus hermétique à ce même monde.
Comme le dirait Hartmut Rosa, Romain entretien “un lien d’amour avec l’extérieur, via une sorte de corde qui peut se mettre à vibrer entre lui et le monde extérieur”.
Cette/ces corde(s) qui nous relie(nt) au monde, que l’on peut maintenant appeler “axe(s) de résonnances”, sont ainsi pour Rosa ce qui définit en grande partie la qualité de notre vie.
Je vous laisse relire cette phrase en imaginant le dessin d’un bonhomme relié et connecté au monde extérieur par des ficelles (axes de résonnance), ainsi que celui d’un autre bonhomme , dans le même environnement mais prisonnier (sans le savoir en général) dans sa propre bulle qui le sépare du monde extérieur.
Alors que la sociologie a souvent associé “le niveau de vie” aux “niveaux de ressources” (argent/possessions), Hatmut Rosa me fait découvrir ici un nouveau concept qui me parait vraiment essentiel et finalement de l’ordre du bon sens.
Combien de fois ai-je ainsi partagé à des amis qu’en apprenant à connaitre telle ou telle personne extrêmement riche et socialement idéalisée, que je “n’enviais en aucun cas la vie et le quotidien de cette personne”.
Je peux maintenant mettre un concept et expliquer que la triste solitude d’un riche sportif/artiste/entrepreneur, est souvent proportionnelle à l’absence “d’axes de résonnances” entre le monde extérieur et lui.
- Are you a rich man ? (Journalist)
- What do you mean Rich ? (Bob Marley)
- Do you have a lot of money and possessions ?
- Possession make you rich ? I don’t have that kind of richness… _Bob Marley
Voici l’une de mes (nombreuses) réflexions suite à la lecture de ce livre :
En admettant que la qualité des axes de résonnance entre le monde extérieur et moi conditionne en partie la qualité de ma vie, je me suis évidemment demandé comment créer et entretenir ces axes.
La création de ces axes se fait selon en moi via des expériences (fondatrices) de perceptions, que ce soit au cours d’une soirée alcoolisée, d’une rencontre amoureuse, religieuse, amicale, d’une consultation ostéopathique ou encore avec soi même “grâce” à une maladie ou un voyage en solitaire.
Admettons qu’ils est difficile de contrôler la création de ces axes, mais qu’à l’origine, nous en avons tous et que le risque est de les voir “s’atrophier lorsqu’on n’en prend pas soin”.
“Dans chaque enfant il y a un artiste, le problème est de savoir rester un artiste en grandissant” _Pablo Picasso
Lorsque ces axes sont crées, de la même manière qu’un neurologue nous partagerait le dicton “use it or lose it” pour entretenir nos circuits neuronaux, je dirais que l’entretien de nos axes peut simplement s’effectuer en les utilisant, c’est à dire en les faisant resonner.
Je crois avoir “connecté” avec les théorie d’Hartmut Rosa car j’ai l’impression de vivre ces résonnances au quotidien. En consultation ou bien à cet instant ou j’écris cette lettre dans un café, ou encore le weekend dernier en formation avec les collègues ostéos, mais aussi hier soir avec Marius.
Dans chacune de ces situations, je me suis senti viscéralement en connexion avec mon environnement et les personnes présentes autour de moi. (C’est à ce moment que vous pouvez commencer à me prendre pour un fou, au cas où cela ne serait pas encore le cas 😁 )
“La seule différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou” _Salvador Dali
Ainsi, l’un des “ingrédients” favorisants ces états de connexions/résonnance est selon moi “la légèreté”.
Cette légèreté qui vous permet d’aller aborder un inconnu avec aisance, faire une blague devant un public, ou encore jouer au lion et la souris (le jeu préféré de Marius) au milieu du salon. Cette légereté qui émerge quand on laisse le mental et la partie cartésienne de notre cerveau de côté… vous voyez ?
Les livres de Laurent Gounelle invitent bien souvent à la rencontre de cette légèreté. Milan Kundera en parle également dans son chef d’œuvre “l’insoutenable légèreté de l’être”.
Exemple de mise en pratique concrète :
L’autre jour, je devais aller m’acheter des caleçons. Je n’aime pas faire les magasins, je trouve ça “lourd”. J’ai alors eu envie de “m’alléger” en demandant de manière très sérieuse au vendeur ou était le rayon “des calebars”. 😶. Je me suis évidemment marré à l’intérieur de moi (c’était le but) tout en gardant mon sérieux à l’extérieur, pendant que le vendeur hallucinait à la vue d’un mec à moitié bizarre qui lui demandait le rayon des “calebars” en toute tranquillité. Cette simple action m’a ainsi allégé l’esprit pendant que j’effectuais ma corvée de shopping.
Ceci est un exemple parmi des centaines d’autres que j’utilise pour rendre mon quotidien plus léger.
Si vous êtes un lecteur assidu de ma lettre, vous faite peut-être le parallèle avec la théorie d’Edgar Morin qui nous invite à intégrer ce qu’il appelle “la poésie” dans notre quotidien bien souvent “prosaïque”.
Enfin, j’avais écrit un court article sur le même sujet il y a bientôt dix ans. L’idée était de vivre sa vie quotidienne avec le même état d’esprit que lorsque l’on “voyage en sac à dos”. Un “game changer” pour moi. Cliquez sur ce lien si vous voulez voir ce que j’écrivais il y a dix ans 🙃
Ce qu’il faut retenir, en une citation :
“Vivre ce n’est pas sérieux, ce n’est pas grave. C’est une aventure, c’est presque un jeu. Il faut fuir la gravité des imbéciles. Je vous souhaite de rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns” _ Jacques Brel
Et surtout la santé.
Curiosité :
Si l’idée de vous plonger dans les 700 pages du livre d’Hartmut Rosa ne vous tente pas, je vous partage également le livre de Céline Alvarez “Les lois naturelles de l’enfant”.
C’est assez dingue le nombre de parallèle que l’on peut faire entre ce qui va stimuler un enfant, et ce qui stimule un adulte.
Spoiler alert : la clef, c’est L’ENVIRONNEMENT.
“Mes amis, retenez ceci, il n’y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs” _ Victor Hugo.
Ce livre m’inspire régulièrement en tant que père mais aussi en tant que formateur.
Cas clinique :
Voici donc la réponse qui explique la “mauvaise cicatrisation musculaire” de notre patiente : une énorme calcification intra musculaire.
On imagine bien que cela puisse compromettre une “bonne cicatrisation”.
Ma question a ainsi été la suivante : Comment est-ce possible d’attendre la 11ème lésion musculaire de suite pour s’apercevoir de cela ? Les radiologues précédents étaient-ils si mauvais que ça en échographie ? (Théorie de mes collègue médecins^^)
Quand on connait le salaire (indécent, il faut le dire :) de certains radiologues, cela me laisse perplexe.
En tout cas, cette image fait évidemment penser à ce que l’on pourrait appeler une myosite ossifiante. Sauf qu’à la palpation, on a vraiment du mal a sentir la densité normalement extrêmement facile à percevoir lors d’une “vraie” myosite ossifiante post béquille, au niveau d’un quadriceps par exemple.
Ici, la calcification s’est faite “en nuage” et je vous avoue que je ne l’avais pas détectée lors de la première consultation, alors que j’avais bien évidemment palpé la zone en long/large.
Bref, le quotidien continue d’être surprenant, et c’est très bien comme ça 😊
Pour ce qui est des facteurs de mauvaise cicatrisation, voici ce qui me vient en tête : le diabète, le tabac et évidemment un traitement par corticoïdes au long cours.
On se retrouve bientôt pour de nouveau partages ⚒🙏
Je vous souhaite une bonne journée, remplies d’axes qui résonnent !
Etienne
Merci Etienne. Encore une bonne petite lecture, qui pousse à la réflexion ET en même temps au « lacher prise » et la légèreté de l’instant !